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Date de création : 17.01.2009
Dernière mise à jour : 31.08.2022
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hippie 2

Apogée du mouvement

Article détaillé : Festival de Woodstock.

En août 1969 eut lieu le festival de Woodstock, un festival de musique et un rassemblement emblématique de la culture hippie. Il eut lieu à Bethel sur les terres du fermier Max Yasgur34, à une soixantaine de kilomètres de Woodstock dans l'État de New York.


Organisé pour se dérouler du 15 août 1969 au 17 août 1969, et rassembler 50 000 spectateurs, il en accueillit finalement plus de 500 000, et beaucoup de spectateurs ne payèrent pas leur place ; il se poursuivit un jour de plus, soit jusqu'au 18 août 1969 au matin. Le festival proposa les concerts de 32 groupes et solistes de musiques folk, rock, soul et blues35.

En dépit de la pluie et d'une organisation totalement dépassée par les évènements, le festival resta dans les mémoires comme un moment exceptionnel, épargné par toute violence, et devint un mythe. Joe Cocker sortit de scène sur ces mots : « Aucun de ceux qui étaient ici n'aura plus jamais besoin de se sentir seul »a 4 et quarante ans plus tard, Arlo Guthrie évoque encore son « sentiment d’avoir retrouvé foi en l’individu »36.

Une semaine plus tard, le festival de l'île de Wight, avec Bob Dylan en vedette et 250 000 spectateurs eut une ampleur comparable.

Contrairement aux États-Unis et à l'Angleterre, les grands festivals rock n'eurent pas en France le même caractère rassembleur. En 1967, le premier spectacle psychédélique à Paris, La Fenêtre rose, n'attira que peu de monde. Le premier festival, refusé par plusieurs municipalités françaises, eut finalement lieu à Amougies, en Belgique, fin 1969a 5. En 1971, un festival gratuit fut organisé à Auvers-sur-Oise, mais s'il ressemblait bien à celui de Woodstock à cause de la pluie et de la boue, il fut finalement annulé dans la nuit à cause de divers problèmes techniques alors que 20 000 personnes étaient rassemblées26.

De nombreux hippies ont été présents lors des grands rassemblements du Rajal del Guorp sur le plateau du Larzac37 du 25 et 26 août 1973 et du 17 et 18 août 1974 qui ont rassemblé chacun quelque 100 000 participants, ainsi que la marche vers Paris du 2 décembre 1978 qui rassemblera à l'arrivée 40 000 manifestants. Ces rassemblements étaient liés à une résistance de paysans français contre une vaste expropriation de leurs terres du Larzac et ont différés en cela des festivals américains. Ils ont séduits les hippies car centrés, selon eux, autour des thèmes du pacifisme, de l'émancipation sexuelle et du retour à la terre. José Bové en a parlé comme d'un « Woodstock français »38

Les festivals de Nambassa en Nouvelle-Zélande ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes entre 1976 et 1981.

Réactions

La révolte contre l'ordre établi eut des conséquences sur le mouvement hippie. Outre les poursuites pour usages ou possessions de drogues, des condamnations pour outrage aux mœurs répondirent à leurs provocations en ce domaine. Des personnalités hippies faisaient scandale, comme Grace Slick réputée « capable de tout », comme chanter les seins nus plutôt que mouiller sa chemise quand il pleuvait, lever le poing avec les Black Panthers, ou d'amener du LSD lors d'une invitation à la Maison Blanche39,40. Jim Morisson pour le même genre « d'outrage aux bonnes mœurs » et « d'exhibition indécente » fut condamné en 1970 à huit mois de prison ferme41. Les communautés de hippies plus anonymes connurent aussi diverses tracasseries, qu'elles soient ou non des squats.

La « société de consommation » tant décriée des hippies s'accommoda en revanche fort bien de ce mouvement qu'elle ne voulut voir que comme un effet de mode. Les productions décrivant les hippies furent des succès commerciaux, comme la comédie musicale Hair ou, pour les livres, L'Antivoyage de Muriel Cerfa 6. Après avoir moqué les « cheveux longs, idées courtes » Johnny Hallyday lui-même s'afficha un temps en look hippie pour chanter Jésus Christ est un hippie. Les majors étaient largement présents à Woodstock42 ; le film du festival fut présenté à Cannes, et les idoles pop connurent la gloire à Hollywood. Cette utilisation commerciale était vue par les hippies comme contraire à leurs idéauxa 7 ; dès le festival de Monterey, Grateful Dead la refusait en ces termes : « Personne ne sait exactement comment, mais nous savons par expérience que quelqu'un, quelque part, va faire de l'argent avec toute cette musique gratuite et tout cet amour libre (...) »19.

Déclin


Sur la tombe de Jim Morrison, au cimetière du Père-Lachaise à Paris, une inscription en grec, ???? ??? ??????? ??????, traduite par « fidèle à ses démons » ou « fidèle à son esprit ».

Le concert gratuit des Rolling Stones à Altamont en décembre 1969, qui se voulait un second Woodstock, rassembla 300 000 personnes à l'est de San Francisco. Tout aussi mal organisé que Woodstock, il eut cette fois un déroulement catastrophique : le service d'ordre constitué de Hell's Angels déclencha des bagarres avec les spectateurs et poignarda l'un d'eux, Meredith Hunter, un jeune homme de 18 ans, qui aurait pointé un revolver en direction de Mick Jagger43. À la même époque, l'adoption du style hippie par des personnalités comme Charles Manson et sa « famille » de criminels, condamnés pour meurtres (dont celui de Sharon Tate) dans la région de Los Angeles, portèrent un coup fatal au « Peace and Love » du mouvement. L'Amérique choquée et une bonne partie des hippies eux-mêmes commencèrent à prendre des distances sans pour autant que le mouvement disparaisse tout à fait. Le passage aux « drogues dures » et la mort de Jimi Hendrix, de Janis Joplin puis de Jim Morrison, entre autres, à la suite d'abus d'alcool, de médicaments ou par overdose, contribua grandement à l'impression de chute. Neil Young écrivit The Needle and the Damage Done (L'Aiguille et les dommages causés) pour évoquer, tardivement, le problème. Avec la fin de la guerre du Viêt Nam, les médias perdirent leur intérêt pour les hippies. ; Ils furent plus tard désignés sous le terme de « baba cool » qui en est devenu un synonyme (dans le monde francophone) et de « freak » (dans le monde anglophone)44. Le mouvement punk qui vient après eux est un autre type de révolte qui revendique son désespoir à travers l'expression nihiliste « no future ».

Contre-culture hippie

L'article « contre-culture » est un complément encyclopédique à ce sujet.

Refus de l'autorité

Article détaillé : Instruction à la maison.
Le 21 octobre 1967, lors de la grande marche sur le Pentagone pour protester contre la guerre du Viêt Nam, une manifestante offre une fleur à un militaire
Le 21 octobre 1967, lors de la grande marche sur le Pentagone pour protester contre la guerre du Viêt Nam, une manifestante offre une fleur à un militaire.

Les hippies remettaient en cause l'idée d'autorité, et en premier lieu l'autorité parentale45, et tout ce qui en découlait : toute domination de l'un sur l'autre. Cherchant à établir d'autres rapports avec leurs propres enfants, les hippies adoptèrent les pédagogies anti-autoritaires ; dans les communautés naquirent des « écoles sauvages » ou « écoles parallèles »a 8, et le livre Libres enfants de Summerhill, traduit en français en 1971, fut un succès pendant toute la décennie46. Ils refusaient aussi les frontières et la violence en général ; le mot « pigs » (« porcs ») était régulièrement utilisé à l'encontre des forces de l'ordre47.

Les hippies n'avaient pas le désir de contrôler la société, contrairement aux rébellions des générations précédentes, comme les wobblies ou les « activistes de la nouvelle gauche ». Bien que très critiques, ils étaient perçus comme ne proposant pas d'alternative à la société, avec un mot d'ordre étant plutôt « faites ce que vous voulez faire et ne vous préoccupez pas de ce que les autres en pensent » (« do your own thing and never mind what everyone else thinks »)7.

Selon Chuck Hollander, expert en drogues pour la National Student Association au début des années 1960 : « S'il existait un code hippie, on pourrait le présenter ainsi : faites ce que vous avez envie de faire, où vous le voulez et quand vous le voulez. Lâchez la société que vous avez connue. Explosez l'esprit de toutes les personnes rigides que vous rencontrez, branchez-les, sinon par la drogue, au moins par la beauté, l'amour, l'honnêteté et la rigolade »7.

Pour les hippies, la révolution de la vie privée passait avant la lutte pour la réforme de la société15 ; ils considéraient que les politiciens, fussent-ils « de gauche », étaient avant tout des straight, des conformistes. Les yippies sont des représentants notoires de cette prise de position. Un de leurs fondateurs, Jerry Rubin, initiateur de manifestations contre la guerre du Viêt Nam, fut arrêté et condamné pour conspiration et incitation à l'émeute, il écrivit en particulier Do it! scénarios de la révolution48 en 1973. Perçus comme des « hippies avec des fusils », ils étaient aux États-Unis la frange la plus radicale du mouvementa 9.

Pacifisme : « peace and love »

Partie de la sculpture « Hippie memorial » (photographie)
Partie de la sculpture « Hippie memorial » située dans l'Illinois, aux États-Unis, et représentant le symbole de la paix.

Peace and love, « paix et amour », est l'expression du pacifisme hippie des années 1960. Un autre slogan, issu de la guerre du Viêt Nam, Make Love, not War49, « faites l'amour, pas la guerre » a été repris par le courant hippie pour les mêmes raisons ; l'expression apparaît en 1974 dans la chanson Mind Games de John Lennon.

Flower Power, « le pouvoir des fleurs », est une autre expression pacifique qui trouve son origine dans le Summer of Love de 1967 à San Francisco. Consigne était alors donnée de « porter des fleurs dans les cheveux », comme l'illustre la chanson de Scott McKenzie San Francisco (Be Sure to Wear Flowers in Your Hair). Les hippies furent dès lors communément appelés flower children, les « enfants-fleurs ». L'ensemble de ces expressions cherchaient à traduire une opposition à la guerre et à la violence en général, sans pour autant que les revendications soient toujours plus élaborées ou véritablement théorisées.

Communautés

Article détaillé : communauté intentionnelle.

Selon Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, « les communautés sont l'expression par excellence du movement : son infrastructure, l'ancrage social sans lequel il aurait vite été réduit à une simple mode aussi extravagante qu'éphémère. Les communautés sont sa signature au bas de l'histoire du XXe siècle. » Ces communautés se comptaient en effet par milliers aux États-Unis vers 1969, au point que dans les Montagnes Rocheuses les hippies furent près d'élire un des leurs comme shérif. En France, on en dénombrait environ 500 au début des années 1970a 10.

Photographie d'une coccinelle peinte aux couleurs du Flower Power.
Référence au Flower Power.

Il n'y eut pas d'unité d'organisation entre ces communautés ; les unes étaient des communautés urbaines, d'autres tentèrent de vivre d'agriculture et d'élevage et certaines n'étaient que des lieux de passagea 10. Confrontées aux problèmes de subsistance, et aux difficultés d'une vie commune basée sur de nouvelles relations interpersonnelles, la plupart eurent une durée d'existence assez brèvea 11. La plus longue expérience européenne fut celle de la commune libre de Christiania, à Copenhague : créée en septembre 1971, elle existe toujours50,51. Au début du XXIe siècle, il existait encore une quarantaine de communautés hippies en Allemagne52. En France, il n'en resterait qu'une à Charleval, en Provence53.

Retour à la nature

Après les premières manifestations pacifiques contre la pollution en 1968 à San Francisco, et leur répression, de nombreux hippies rejoignirent des communautés ruralesa 12.

Ce retour à la terre amenait l'idée d'un plus grand respect de la planète incluant produits bios, utilisation d'énergies renouvelables et recyclage54. Le Whole Earth Catalog, un guide créé par Stewart Brand, un des Merry Pranksters, décrivait les techniques pour tout faire soi-même, en privilégiant la récupération et les moyens non polluants ; il fut ensuite repris en français sous le nom de Catalogue des Ressources55. Selon Timothy Leary, les hippies sont à l'origine du mouvement écologique dans le monde56. Dans la filiation de l'hypothèse Gaïa, formulée par James Lovelock à cette période où les premières craintes pour l'environnement commençaient à s'exprimer57, se sont bâties des croyances écologistes mystiques, nommées les « théories Gaïa » par Lynn Margulis.

Liberté sexuelle

Article détaillé : Liberté sexuelle.
Oz magazine « psychédélique hippie » fut plusieurs fois en procès pour obscénité en Australie et en Angleterre

La liberté sexuelle fait partie intégrante de l'« utopie hippie ». C'est durant les années hippies que prend place la progressive légalisation de la pilule contraceptive et que l'accès à l'avortement se généralise58, alors que la « liberté de choix » est une idée prégnante de la contre-culture59, ce qui s'opposait, aux États-Unis, à l'idéologie conservatrice de certains courants religieux issus du christianisme, combattant notamment l'« immoralité » et l'« obscénité » depuis la fin du XIXe siècle60. Les hippies vivaient alors en communauté et avaient des pratiques sexuelles diverses s'inspirant parfois du Kama sutra hindou61,62 63, rejetant le mariage traditionnel64 et, à l'instar des utopies de la contre-culture, l'institution de la famille65. Le mot d'ordre était « Free Love » (« amour libre »)a 10, que l'on retrouve dans l'appellation du « Summer of Love », rassemblement à la suite duquel les valeurs et le mode de vie du mouvement hippie commencent à se diffuser66. Symbole du refus de la discipline, l'amour libre hippie est véhiculé par le rock67.

En plus de la liberté exprimée dans les relations amoureuses, les premiers sex-shops vendant divers jouets sexuels (l'enseigne Good Vibrations à San Francisco était le premier) ainsi que la diffusion des films pornographiques et leurs projections en salle de cinéma sont apparus au sein de la communauté hippiea 13, à une époque où la masturbation était publiquement condamnée et où personne n’aurait jamais ouvertement fait la promotion du plaisir68. Les hippies considéraient plus l'homosexualité comme une expérimentation parmi d'autres que comme un taboua 14; c'est à cette époque que la première Gay Pride a lieu à New York, et San Francisco demeurera la capitale des deux tendances.

Route

L'expression « La route des hippies » (Hippie trail en anglais) désigne les périples de la génération hippie au travers de plusieurs continents69. Ces voyages se faisaient fréquemment par bus ou en auto-stop, les étapes obligées étant Amsterdam, Londres, Istanbul ainsi que Goa (Inde), Katmandou (Népal), la Turquie, l’Iran et l'Afghanistan. Un des objectifs déclarés de ces voyages était la « quête de soi » ou « la recherche de Dieu » et, plus simplement, la recherche de toutes expériences nouvelles70 ,69. Des ouvrages tels que Sur la route et Les Clochards célestes de Jack Kerouac, ouvrages fondateurs de la Beat Generation71 ont parfois servi de guides ou de prétexte à leur cheminement spirituela 15.