Date de création : 17.01.2009
Dernière mise à jour :
31.08.2022
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Arsène Vaillant auarait-il mené la brillante carrière sportive qui fut la sienne à un poste d' arrière latéral gauche auquel il conféra une "modernité" très en avance sur son temps si une lumineuse intuition n' avait pas germé dans l' esprit d' Ernest Smith, un dimanche après-midi, dans l' autocar qui ahanait, poussif, dans la montée de Sainte-Waleburge, à l' approche du stade de Rocourt où le Sporting d' Anderlecht allait défier le FC Liégeois ?
Peut-être pas...
Cet Ardennais de Saint-Hubert s' était trouvé en rupture de ban au White Star où il avait évolué de 1936 à 1947. En 1946-1947, il avait été approché par le docteur Gianola, qui souhaitait l' attirer à l' Olympic : "je ne nourrissaisaucune envie d' aller jouer à La Neuville mais l' Olympic m' offrait des conditions financières plus intéressantes que le White Star. Quand j' ai demandé aux dirigeants de la rue Kelle de s' aligner sur les propositions de l' Olympic, ils se sont cabrés. Je n' ai plus été convoqué."
Anderlecht l' attira au stade Emile Versé à l' aube de la saison 1948-1949. "J' entretenais ma condition à Energeia, un club de l' Abssa, une compétition d' amateurs du samedi après-midi. Je pensais avoir fait une croix sur le football professionnel. Un jour de match, j' eus la surprise de découvrir deux personnalités anderlechtoises appuyées sur la main courante qui entourait le terrain : le président Albert Roossens et le secrétaire général Eugène Steppé. Une semaine plus tard, Albert Roossens me proposa, par téléphone, de rallier le Sporting. Je tombai des nues. Le White Star regimba. Je croyais la transaction enterrée quand le président Albert Roossens me tendit une carte d' affiliation. J' appris, plus tard, que j' avais été échangé contre trois joueurs plus une somme d' argent."
Au White Star, Arsène Vaillant avait évolué comme attaquant. C' est comme aiguillon de Jef Mermans que les dirigeants anderlechtois engagèrent le Luxembourgeois. "Il m'a semblé, en effet, qu' il existait un "petit problème Mermans".Polyte Van den Bosch étant parti, j' ai effectivement disputé les cinq ou six premiiers matches comme intérieur. Jef Mermans, François Sermon et Albert De Wael, deux ailiers rapides, étaient mes équipiers directs."
C' est alors que le destin - et Ernest Smith - infléchirent la carrière du néo-Anderlechtois.
"A l' époque, on n' opérait pas encore de remplacement en cours de match. Nous étions donc onze joueurs. Dans l' autocar qui nous menait à Rocourt, je m' étais rendu compte que notre effectif ne comprenait qu 'un seul arrière latéral : Rik Matthys. Jean Weyns, son pendant, s' était blessé la veille. Quand Ernest Smith est venu me demander si je voulais bien occuper ce poste d' arrière gauche devenu vacant, sa question était purement rhétorique : il m' y avait déja commis d' office."
Arsène Vaillant aborda l' affrontement sans appréhension. Sa prestation ne dura qu' un gros quart d' heure : "Le match se disputait dans l' ancien stade, entouré d' une piste en céndrée. La pelouse étaitséparée de la piste par un mètre de zone neutre et une petite bordure. Lors d' une phase de jeu anodine, j' ai attaqué le ballon pied en avant et je suis retombé sur le petit muret. Je me suis occasionné une grosse entorse au pied."
A l' instar de son alter ego Rik Matthys, Arsène Vaillant allait révolutionner le style de jeu des arrières latéraux. Les deux Anderlechtois s' érigèrent en précurseurs des défenseurs excentrés, modernes, capables de reconstruire le jeu, de progresser en dribbles et même de déborder sur leur flanc. "Riket moi avons innové, effectivement. Les arrières de l' époque étaient des armoires à glace. Leur stature devait impressionner l' adversaire. Leur mission consistait surtout à frapper le ballon le plus fort possible pour l' expédier le plus loin possible. Ce dimanche-là, je n' ai joué qu' un quart d' heure, mais ce laps de temps m' a suffi pour comprendre qu 'on pouvait tirer un tout autre profit des qualités individuelles évidentes de certains de mes équipiers. Gaston De Wael, qui évoluait sur le flanc droit, était un remarquable technicien. Michel Vanvarenbergh, qui jouait devant moi, était un artiste. C' est une sollicitation verbale de Michel qui a constitué le déclic. J' étais en possession du ballon quand Michel Vanvarenbergh m' a hurlé : Donne-moi la balle je suis seul ! J' ai compris qu' il avait raison. Je me suis alors juré que je ne balancerais plus jamais un ballon."
Arsène Vaillant a également inscrit de nombreux buts. Le 18 février 1951, notamment, il en signa 5 contre le FC Malinois. Il détient toujours, avec six autres joueurs, le record de buts inscrits lors d' une seule rencontre.
Arsène Vaillant a disputé plus de 300 matches sous le maillot du Sporting. Il l' a aidé à conquérir cinq titres nationaux. Il enfila également 12 capes de Diable Rouge. Il évoluait encore comme attaquant du White Star quand, le 24 décembre 1944, les Belges s' inclinèrent à Paris, au stade de Colombes (3-1) devant la France au terme de leur première confrontation d' après-guerre. " Le retard du train, un hôtel sans chauffage et un Noël de disette expliquèrent très largement cette défaite."
Arsène Vaillant mena par la suite une brillante carrière de commentateur à la RTBF. Il est décédé le 30 avril 2007, à l' âge de 85 ans.
"Je n' avais pas tardé à me rendre compte qu' Anderlecht s' érigeait en club d' avant-garde, toujours soucieux d' imprimer les impulsions susceptibles de le faire progresser vers un professionnalisme toujours plus accentué. Il avait été le premier à promouvoir les voyages à l' étranger qui nous permettaient de nous aguerrir, de manières ludique, en nous confrontant à de grandes équipes. Il fut le premier, aussi, à offrir à ses joueurs le confort matériel auquel il pouvaient aspirer. Quand je jouais au White Star, je devais rendre mes anciens lacets, tout élimés mais dûment lavés, si je voulais obtenir une nouvelle paire. Quand je suis arrivé au Sporting, Eugène Steppé m' a invité à choisir mon équipement. Je suis arrive dans une grande salle remplie de maillots, de trainings, de chaussures, de spikes. Eugène Steppé m' a encouragé : "Tu te sers." J' ai écarquillé les yeux : jamais jusqu' à ce moment-là je n' avais contemplé autant d' équipements sportifs rassemblés dans une même pièce !"